Interview : Maxime Jarne, directeur de La fabrique du sud

L’histoire est connue. Elle commence en  2011, lorsque l’entreprise R&R, appartenant à un fonds de pension américain, rachète le site de production de crèmes glacées de Carcassonne qui appartenait à la coopérative 3A.

Cent vingt quatre salariés produisaient alors plus de trente trois millions de litres de glaces avec plus de 50M€ de chiffre d’affaires. L’usine était en pleine santé et dégageait des bénéfices.

Seulement, en juillet 2012, le groupe européen annonce la fermeture de l’usine et le licenciement des salariés. L’impact médiatique retentit.

Dix-neuf salariés décident de se battre pour sauver leurs emplois et après deux ans de lutte acharnée munis d’une enveloppe de 815k€ d’investissement et de 200k€ de formation, ils lancent la SCOP (société coopérative et participative) La Fabrique du Sud en 2014.

Trois ans après, retour avec Maxime Jarne, Directeur de la Fabrique du Sud, sur cette aventure humaine.

« Lorsqu’on a monté la SCOP, nous ne savions faire que des glaces industrielles. Notre volonté était de proposer uniquement des glaces artisanales de haute qualité, naturelles, au lait entier, sans arôme ajouté ni colorant et avec des produits régionaux.

Nous avons tous dû réapprendre nos métiers !

Non seulement nos métiers de production mais surtout de nouveaux métiers : commercial, responsable logistique, responsable de production, responsable ressources humaines…. Nous n’y connaissions pas grand chose » confie Maxime Jarne.

« Nous avons donc lancé une première gamme de glace La Belle Aude, avec treize parfums, sur un format de pot 550ml qui est devenu notre cœur d’activité. A la fin de notre premier exercice en 2014, notre bilan était positif. Nous avions réussi à dégager des bénéfices.

Aujourd’hui, c’est avec beaucoup de fierté que La Fabrique du Sud compte vingt-deux parfums sur sept formats ! Nous sommes présents de Nice à Bordeaux, ainsi qu’en Ile de France.

Les dix-neuf personnes qui se sont investies dans la SCOP sont toujours présentes, et quatre autres personnes nous ont rejoints avec notamment un directeur commercial et des jeunes en contrats d’alternance.

Le challenge a été très compliqué. Nous sommes repartis de zéro, sans carnet d’adresse mais nous avons réussi à dégager des bénéfices sur chaque exercice et cette année nous atteindrons les 2,5M€ de chiffre d’affaires», se réjouit le directeur.

« Il fallait y croire quand nous étions face aux investisseurs. Heureusement nous avons été bien accompagnés par l’Union Régionale de SCOP, la Chambre de Commerce mais aussi par Cerfrance Midi Méditerranée. Ils nous ont aidés à bâtir des business plans, des prévisionnels, estimer les volumes d’activité, démarcher des points de vente, tenir notre comptabilité – encore des nouveaux métiers pour nous », plaisante M. Jarne.

«Notre secret de réussite ?

Je dirais qu’on a su bien s’entourer, avoir de la persévérance et un brin de folie !

Nous devions être crédibles auprès des banques, des investisseurs. Il fallait leur montrer qu’on avait la tête sur les épaules, qu’on était censés, bien entourés, et surtout qu’on savait où on voulait aller.

Si je devais donner un conseil à ceux qui veulent se lancer dans la création ou la reprise d’une entreprise, ce serait d’avoir du capital ou au moins savoir où aller le chercher. Il faut également s’entourer de personnes et de structures compétentes sur les questions techniques métiers mais aussi juridiques, fiscales, sociales... Le but étant de rassurer les investisseurs mais surtout de pérenniser son activité.

Nos prochains projets ?

Nous cherchons à développer notre chiffre d’affaires sur les deux prochaines années notamment pour devenir propriétaires de nos locaux de production. Nous allons créer régulièrement des nouveaux parfums, pour avoir une gamme plus complète et nous souhaitons être présents dans toute la France.»

Retrouvez l’aventure et tous les projets de La Fabrique du Sud sur www.labelleaude.fr