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Août 2019

Témoignage de la CHAPELLE de NOVILIS

Des vins bio haute couture en Languedoc et certifiés Haute Valeur Environnementale.

Une reconversion réussie.

Un choix de carrière motivé par le retour à ses valeurs essentielles de préservation de la vie et de l’environnement. Retour avec la vigneronne sur son parcours atypique illustrant les reconversions professionnelles actuelles de plus en plus nombreuses.Un choix de carrière motivé par le retour à ses valeurs essentielles de préservation de la vie et de l’environnement. Retour avec la vigneronne sur son parcours atypique illustrant les reconversions professionnelles actuelles de plus en plus nombreuses.

« A 45 ans, je savais ce que je ne voulais plus mais je ne savais pas exactement ce que je voulais faire. Ce qui était sûr, en revanche, c’est que depuis mes 25 ans j’ai toujours été une grande passionnée de vin et de nature, du vivant en sorte,  et que j’avais fait le tour de ma carrière dans l’industrie pharmaceutique, très centrée sur la finance. Il m’aura fallu cinq années de maturation pour aboutir à  la décision, à 50 ans, de devenir vigneronne et de proposer à mon beau-frère Laurent Pegolotti, viticulteur à Maraussan, de créer ensemble une  cave particulière avec une gamme de vins bio haute couture, révèle la vigneronne Nathalie Jeannot. Comme beaucoup de personnes qui se reconvertissent actuellement, je souhaitais retrouver du sens dans ce que je faisais et une liberté d’agir. »

Une histoire de terroir, de rencontres et de visions

Nathalie se lance en 2011 dans l’aventure vigneronne avec son beau-frère avec qui elle créé CHAPELLE de NOVILIS. « Depuis 1990, Laurent Pegolotti, le frère de ma compagne, livrait son raisin à la cave coopérative des Vignerons du Pays d’Ensérune. Il travaillait seul une exploitation de 22ha et une grande partie de l’exploitation était en souffrance. Dès notre association et la création de CHAPELLE de NOVILIS, j’ai pris la décision d’arracher les hectares les moins qualitatifs afin de nous concentrer sur les parcelles qui nous permettrait de produire des vins haut de gamme. Aujourd’hui, en 2019, CHAPELLE de NOVILIS est une exploitation de 11,5 ha dont 2,5 ha de jeunes vignes, avec pour projet de replanter 5 ha sur les 3 prochaines années. Afin d’assurer le niveau de la gamme à la vinification, nous avons aussi bâti entièrement un chai avec zone de vinification, zone d’élevage et caveau de vente »

Nathalie Jeannot et Laurent Pegolotti sont donc partis de zéro avec de gros investissements matériels et immobiliers à faire, une gamme à créer et une clientèle à construire. Aujourd’hui, CHAPELLE de NOVILIS prépare son 8ème millésime et compte un collaborateur à temps plein que la vigneronne forme dans le travail du vignoble, et une collaboratrice à temps partiel pour la gestion administrative du domaine.

Les défis d'aujourd'hui et de demain des domaines viticoles sont climatiques et commerciaux

« Le changement climatique, violent et rapide, est notre premier défi. Bien avant le défi commercial. Cela fait huit ans que je travaille dans la vigne et je vois que les choses évoluent très vite : l’hiver doux de 2017 suivi du gel nous a fait perdre 57% de la récolte, le mildiou en 2018 sur un climat semi tropical pendant 5 semaines nous a fait perdre 65% de la récolte. En agriculture biologique, le mildiou est un champignon dont il est vraiment difficile de se défaire avec des climats chauds et humides.

Face au défi de changement climatique auquel nous faisons face, notamment plus régulièrement les vagues caniculaires, le manque d’eau et un ensoleillement excessif, nous devons changer notre façon de conduire la vigne et je pense que l’ensemble de la viticulture va devoir faire évoluer ses pratiques culturales. Je ne souligne pas le fait de produire en Agriculture Biologique puisque nous le faisons déjà. »

Pour CHAPELLE de NOVILIS, faire évoluer la conduite du vignoble signifie ’’agroforesterie’’, ‘‘mettre les vignes à l’ombre’’, ‘’diminuer les densités de plantation’’, et d’autres challenges comme la gestion de l’eau. « En 2013 le domaine a investi dans l’irrigation sur toutes ses parcelles. A partir de là, tout se passait bien en périodes sèches. Mais année après année, tous les viticulteurs aux alentours se sont eux-aussi équipés, ce qui est légitime. Maintenant, lorsque tout le monde met en marche le goutte-à-goutte comme cette année, il n’y a plus suffisamment de pression pour irriguer correctement, explique Nathalie Jeannot. Cela va poser de véritables problèmes à court terme. La profession doit penser autrement la conduite du vignoble en termes de gestion de l’eau, de biodiversité mais également de choix des cépages. Adieu merlot, cabernet sauvignon et autre cépages non adaptés à la sécheresse et aux fortes chaleurs », résume la vigneronne.

Le second défi qui se présente est commercial. Nathalie Jeannot suit de très près les évolutions du marché du vin qui s'est internationalisé en quelques décennies. « Aujourd’hui, on produit des vins de qualité dans le monde entier. Le marché du blanc est en forte progression mais celui du rouge est en stagnation voire en baisse. C’est important, confie Nathalie, de suivre de près les tendances et les données de consommations. En France, on voit que les budgets dépensés dans l’achat de vin par personne et par an restent les mêmes mais les quantités de bouteilles achetées diminuent. Le consommateur achète plus qualitatif, en moindre quantité. Les marchés en dessous de 2€ par bouteille sont en cours d’effondrement ; ceux en dessous de 4€ sont en régression. Il faut passer la barre des 6€ ou 7€ pour trouver de la progression.  En plus de faire de la qualité, il  va falloir également repenser les plans marketing en trouvant des axes de différenciation. Ces axes devront être l’extrême qualité mais cela ne suffira pas. Le respect le plus important possible de l’environnement sera de la partie, ainsi que la biodiversité et tout ce qui constitue la protection des espaces naturels. Produire en agriculture biologique sera le minimum demandé par les consommateurs et peut devenir la norme.»

L’énergie, le soutien, les bonnes compétences en interne et en externe : des clés de réussite du chef d’entreprise

Le premier facteur clé de réussite quand un chef d’entreprise se lance selon Nathalie Jeannot, c’est l’énergie et la passion. « C’est  impossible de se lancer dans une aventure entrepreneuriale sans une énergie hors norme et sans s’assurer qu’on a les compétences d’un gestionnaire d’entreprise. Gérer une entreprise nécessite des compétences particulières pour gérer les différentes activités, se projeter dans l’avenir, prendre les bonnes décisions tant opérationnelles que stratégiques. La passion aide à tenir la distance mais ne suffit pas toujours quand vous vous heurtez à des obstacles. Et on n’échappe pas aux obstacles quand on entreprend », marque la vigneronne.

En parallèle de cela, les soutiens sont importants : celui de la famille pour soulager au quotidien par de petites choses, des banques pour l’aspect financier, de l’expert comptable pour piloter et profiler l’évolution de l’activité, d’un œnologue et de structures fondamentales comme « la Chambre d’Agriculture, le Syndicat des Vignerons Indépendants pour ce qui concerne mon projet. Le Département et le Conservatoire des Espaces Naturels nous aident également sur l’aspect environnemental de notre projet. Il faut aller chercher des spécialistes pour soutenir et concrétiser nos ambitions, nos intentions. Il n’est de richesse que d’hommes, et de femmes bien entendu ».

A ce jour, CHAPELLE de NOVILIS est en phase de consolidation sur le plan commercial et économique et poursuit sa restructuration foncière avec une plantation au mois de janvier.

Retrouvez toute l’histoire et les projets du domaine sur : www.chapelledenovilis.com

Avis de l’équipe Cerfrance Midi Méditerranée

L’accompagnement des nouveaux vignerons se doit être un accompagnement de proximité et de confiance, c’est dans cette optique que nous accompagnons Nathalie Jeannot depuis son installation. Notre expertise viticole couplée aux compétences marketing et commerciales de Mme Jeannot lui a permis d’avancer sereinement dans son projet et d’identifier rapidement les leviers de sa réussite. Plus récemment, l’analyse des coûts de productions a permis de la conforter dans ses choix et d’accélérer son processus de restructuration afin de se concentrer sur ses productions à valeur ajoutée.

Benjamin Devaux, Responsable Conseil Entreprise, Conseiller Viticole